Le Canal de Panama : Histoire, Indépendance et Rétrocession
- Mocchi Paul-Antoine
- 24 juin
- 3 min de lecture
L’histoire du Canal de Panama est indissociable de celle de son indépendance et de son positionnement géopolitique. Lorsque le Panama se sépare de la Colombie le 3 novembre 1903, ce jeune État naissant est immédiatement sous l’influence écrasante des États-Unis.
Le 18 novembre 1903, un traité est signé accordant aux Américains des droits exclusifs sur le futur canal interocéanique. En échange de 10 millions de dollars, le traité Hay-Bunau-Varilla leur donne « à perpétuité » l’usage et la souveraineté d’une zone de 16 km de large traversant le pays, à condition de garantir l’indépendance du Panama.

En 1904, les États-Unis rachètent les droits et infrastructures de l’ancienne Compagnie française du Canal pour 40 millions de dollars. Le chantier est repris et, après dix ans de travaux titanesques, le canal est inauguré en 1914. Long de 80 km, le canal devient un axe majeur du commerce mondial, évitant le périple de 14 800 km autour du continent sud-américain via le détroit de Magellan. Washington installe une véritable enclave militaire : jusqu’à 10 000 soldats y stationnent dans 14 bases. La zone du canal devient un « État dans l’État » : tout y fonctionne en anglais, des églises aux commerces, et l’économie panaméenne devient dépendante des rentes versées par les autorités du canal.
Sur le plan politique, les tensions sont constantes. En 1953, le Panama accorde une large autonomie aux peuples autochtones, à commencer par les Kuna sur les îles de San Blas (aujourd’hui Kuna Yala), suivis par les Emberá, les Ngöbe-Buglé et d’autres comarcas. Mais le contrôle du canal reste une question centrale. En 1968, le général Omar Torrijos prend le pouvoir et entame un bras de fer diplomatique avec les États-Unis pour récupérer la souveraineté nationale.
Le tournant historique a lieu en 1977 avec la signature du traité Carter-Torrijos. Ce dernier prévoit la cogestion du canal, une répartition plus équitable des bénéfices et la rétrocession totale de la zone du canal au 31 décembre 1999. Ce processus de vingt ans voit peu à peu le Panama reprendre le contrôle de ses infrastructures clés, bien que la présence américaine se maintienne sous diverses formes. Après la mort de Torrijos en 1981, son successeur Noriega devient un acteur trouble du pouvoir. Accusé de corruption et de narcotrafic, il est renversé en 1989 lors de l’opération militaire américaine « Just Cause ».
L’après-Noriega ouvre une période de transition.
En 1990, Guillermo Endara devient président avec le soutien des États-Unis. La question du canal reste au cœur des débats politiques. En 1999, l’armée américaine quitte officiellement la zone du canal, marquant la fin d’un siècle d’ingérence directe. Cependant, les États-Unis continuent de revendiquer un droit d’intervention unilatéral en cas de menace sur la "neutralité" du canal.
Aujourd’hui, le canal est administré par l’Autorité du Canal de Panama (ACP). Les infrastructures ont été modernisées, notamment avec l’ouverture en 2016 d’un troisième jeu d’écluses, permettant le passage des navires post-Panamax. Le Panama a également confié la gestion des ports de Balboa et Cristobal à l’entreprise chinoise Hutchison Whampoa, suscitant la méfiance de Washington. Le canal reste un enjeu géopolitique mondial, symbole de la lutte pour la souveraineté d’un petit pays face aux empires.
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